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Le défi de l’éducation pour Mayotte

31/03/2011 12:19

 « Il y a 30 ans, on avait 150 ans de retard, aujourd’hui, on a 20 ans de retard », résume le vice-recteur de Mayotte, François-Marie Perrin, pour décrire la situation de la scolarisation des enfants de l’île, où les 81 500 élèves représentent environ un tiers de la population.

« Notre problème numéro 1, c’est de faire face à l’augmentation des élèves, la pyramide des âges, on se la prend de plein fouet », explique M. Perrin, dans cette petite île où 54 % de la population a moins de 20 ans et où la scolarisation n’est devenue obligatoire qu’au début des années quatre-vingt-dix.

Tensions en primaire

L’accueil des enfants de deux ans a d’ailleurs été différé à 2014, faute de structures, alors même que le niveau déficient en français des petits Mahorais (trois quarts des entrants en 6 e ne le maîtrisent pas) nécessiterait de les « exposer » à la langue nationale dès le plus jeune âge. « Ici, on s’entretue pour une place en maternelle », assure Rivomalala Rakotondravelo, dit « Rivo », secrétaire départemental du SNUipp/FSU.

Le primaire connaît de fortes tensions. Les 35 793 élèves de CP au CM2 sont soumis à la rotation, faute d’établissements suffisants : certains ont école de 7 h à 12 h 15, les autres de 12 h 30 à 17 h 15. « L’emploi du temps est extrêmement contraint », reconnaît le vice-recteur, avouant que Mayotte est « hors sujet quant au débat sur les rythmes scolaires ».

De plus, 70 % des 195 écoles primaires n’ont pas obtenu l’agrément de la Commission de sécurité. « Ils bricolent, ils pensent qu’à partir du moment où nos gamins vont à l’école, quelles que soient les conditions de scolarisation, on devrait applaudir », s’étrangle « Rivo ». « En janvier (saison des pluies, ndlr), on a fermé une école à Koungou, il n’y avait que deux toilettes qui fonctionnaient pour 400 enfants », raconte le syndicaliste.

Mais surtout, « six des 17 communes n’ont pas acheté cette année les fournitures pour les enfants, et certains enseignants les ont payées de leur poche », poursuit Youssouf Adinani, instituteur à Mirereni (sud-ouest).

La revendication du SNUipp d’ouvrir 600 classes devrait être entendue : selon le vice-recteur, c’est l’objectif fixé pour 2015.

Les élèves clandestins

Mais le conflit portant sur l’indexation des salaires des enseignants mahorais sur ceux de leurs collègues venus de métropole n’est pas réglé : « Ce n’est pas d’actualité, vu l’état des finances publiques », explique M. Perrin.

Dans le secondaire, les problèmes se répercutent et se diversifient, alors que les établissements sont pour le moment en nombre suffisant.

Au collège de Koungou, mastodonte de 1 470 élèves cette année mais 1 600 à la rentrée 2011 en raison de l’arrivée de clandestins comoriens en âge d’être scolarisés, « le plus gros problème, c’est sont ces jeunes qui ne savent ni lire, ni écrire, ni compter », raconte le principal, Georges Lozano.

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