Mayotte, le 101e département français

 STATUT Le 31 mars, Mayotte devient le 101

La fin des coutumes 
Mais La Réunion, département d’outre-mer depuis 1946, n’est pas Mayotte. La départementalisation, loin d’être une simple formalité juridique, pose à cette île des Comores, encore pauvre, de nombreux défis.
Beaucoup de Mahorais ne parlent pas le français.
Pour bénéficier de leurs nouveaux droits, les Mahorais devront abandonner les coutumes et habitudes héritées de la tradition musulmane et africaine qui faisait, jusqu’ici, leur quotidien.
Ainsi, pour pouvoir établir un « état civil fiable », la France a exigé d’eux qu’ils adoptent un nom de famille transmis selon les règles du code civil français quand jusque-là le prénom du père prévalait.
Les Mahorais vont aussi se plier au système juridique français, à ses codes, bien différents de la justice que rendait « le cadi », interlocuteur unique qui régissait tous les grands événements de leur vie. Ils doivent désormais s’en remettre au notaire, au juge...
Au nom de l’égalité hommes-femmes, la polygamie est interdite depuis juin, l’âge légal pour se marier est passé de 16 à 18 ans et la répudiation est interdite. Vue de la métropole, la fin des unions polygames est une inestimable avancée pour les Mahoraises mais, vue de Mayotte, elle représente un changement de société considérable.
Mayotte est une île encore pauvre. Pourtant, aux yeux de leurs proches voisins Comoriens, encore plus miséreux, c’est un éden que ces derniers tentent de rejoindre par tous les moyens. La départementalisation de l’île sera synonyme de plus de richesses qui peut laisser craindre une immigration clandestine encore plus importante et des tensions plus grandes avec les Comores (lire par ailleurs).
Les défis sont grands parce qu’ils sont sociétaux, synonymes d’une nouvelle façon de vivre au quotidien, pour beaucoup une nouvelle langue maternelle, une nouvelle identité, un numéro de sécurité sociale, une nouvelle façon d’imaginer la famille. Des bouleversements dont on peut pourtant penser que les Mahorais les surmonteront tant semble indéfectible leur attachement à la France. Comme si le coeur de l’île avait toujours battu pour ce pays qui les a colonisés, il y a près de deux siècles. Là-bas, à 8 000 km de la métropole. Loin des yeux mais près du coeur. •
ANNE-SOPHIE HACHE 
 

(1) L’Union des Comores, qui réunit les trois autres îles des Comores, est un état autonome depuis 1975.